Artiste associé saison 24 - 25
Après avoir partagé la route de Rafaëlle Rinaudo, l’équipe de Plages Magnétiques a l’immense plaisir d’accueillir le guitariste Noël Akchoté pour dessiner ensemble de nouveaux chemins.
Attention légende ! Guitariste iconoclaste à l’avant-garde du jazz et au croisement de mille autres musiques, Noël Akchoté est une figure culte des musiques expérimentales et improvisées. Explorant depuis les années 1990 les frontières expérimentales du jazz, utilisant la guitare sous toutes ses coutures (acoustique, électrique, sans cordes et pour toutes les musiques), fondateur du label Rectangle avec Quentin Rollet, il a joué et enregistré avec Tal Farlow, Chet Baker, Henri Texier, Louis Sclavis, Jacques Thollot, Sam Rivers, Derek Bailey, Marc Ribot, Fred Frith, Evan Parker, Lol Coxhill, David Grubbs, Luc Ferrari, David Sylvian, Blixa Bargeld, Otomo Yoshihide, Linda Sharrock, Christian Fennesz, Eugene Chadbourne, et la liste n’a pas de fin.
Court entretien pour mieux connaître ce musicien virtuose aux innombrables facettes, avant de le retrouver tout au long de nos saisons.
Je suis guitariste et musicien de jazz (tous les jazz). C’est ce qui m’a permis rapidement, d’aller voir au-delà (chanson, classique, électronique, improvisation, pop). Je passe tout par la guitare : images, répertoires, pensées ou sons. Je me vois presque plus comme un processus et une attitude, plutôt qu’un territoire bien défini. Un jeu intime à contre-courant.
Quels sont tes « projets » ?
La plupart des mes projets sont liés à des rencontres inattendues, qui m’ouvrent de nouvelles pistes. J’ai besoin de cet effet de surprise presque, comme par exemple : un jour je reçois un message de Mary Halvorson (la guitariste américaine), qui vient d’enregistrer l’un de mes thèmes en solo (et que je ne connais alors presque pas), puis cela s’est transformé en plusieurs projets (duo, quintet, musique de film, etc). Je passe ma vie à étudier, creuser toujours les mêmes sillons sur l’instrument (techniques, écriture, lecture, styles), comme un artisan, jour après jour. Et c’est de ce creuset que naissent des envies, des urgences, des projets. Ce qui m’anime c’est le prochain projet, celui que je ne soupçonne pas encore, donc.
À la musique écrite et la musique improvisée ?
Si l’on est réaliste (ou objectif), il n’y aucune opposition entre toutes
ces pratiques. À l’origine, le musicien pratiquait tous ces aspects sans
même y penser (compositeur, improvisateur, interprète, chef d’orchestre, etc). On a toujours improvisé sur des canevas, des thèmes. Toujours adapté le jeu à un contexte (bal, messe, club ou requiem). Sur scène il y a l’imprévu qui peut vous surprendre, mais aussi une certaine tension qui peut être réductrice. En studio ou chez soi, on peut accéder à plus de détail, descendre au fond des choses, mais cela peut aussi se retourner. En fait je joue comme je suis, là ou je suis et en laissant les choses arriver surtout. Je pense qu’à un moment, la musique joue toute seule, et on devient le stylo de son oreille, on se sent libre et c’est extrêmement agréable. La musique est son propre langage, elle s’exprime en et par la musique.
Je suis un fils d’architectes (les deux parents), je suis donc né dans les calques, les encres, le papier. J’ai presque toujours associé image et son (cinéma, peinture, pochettes, typographie, revues, photo). Tous les arts sont aussi de la durée (un temps qui passe, bien spécifique). Par exemple j’ai presque toujours réalisé mes pochettes d’albums (subterfuge pour pouvoir continuer à dessiner, écrire, noircir du papier sans avoir à m’occuper d’être artiste de la chose). Sans vouloir pousser trop loin, mes albums sont souvent aussi des films, quelque chose de cinématique, autant visuel que sonore. En fait j’aime beaucoup la dramaturgie, mettre en scène le jeu, même instrumental et improvisé. La musique est une succession de tensions-détentes, avec des accidents pour sculpter le tout.
– Comment envisages-tu ces deux prochaines saisons en tant qu’artiste associé à Plages Magnétiques ?
Un tel projet est une rencontre (cent rencontres). J’aimerai aller là où les gens, des publics, sont déjà, pour nous emmener encore un peu plus loin. Aller voir qui travaille où, comment, et le prolonger ensemble. Bien sûr j’ai en tête mes familles de musicien.ne.s, d’artistes que j’aimerai convier, mais en les articulants avec ce que je vais découvrir à Brest. Je pense horizontal, je vois naturellement tous les liens réels entre les choses, par delà les catégories et autres fausses divisions. Brest est une ville très particulière tant par son histoire que l’histoire de ses fonctions et usages. Une ville qui reste toujours à découvrir, multiple, donc à construire aussi.
Presse
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