Label : Almost Musique
Chronique de Bad Seeds, disquaire à Brest
La voix de Mohamed Lamouri est authentique, abîmée et magnifique à la fois. Son histoire aussi : Parisien sans papiers, mal voyant autonome, la vie dure et optimisme sans faille, des chansons à l’épreuve du public de la ville, sans cesse affinées, et de l’émotion qui passe toujours. Il fallait absolument faire un album avec Mohamed Lamouri, le chanteur de Paris. Il chante depuis une quinzaine d’années dans le métro, voix cassée et raï sentimental algérien, un clavier à l’épaule, chansons en arabe, son répertoire à lui, celui de l’idole de la jeunesse algérienne Cheb Hasni, assassiné en 94, et quelques adaptations cultes pour les usagers (Hotel California et Billie Jean en arabe, entre autres). Cela fait plusieurs années que Benjamin Caschera, de La Souterraine, s’occupe de Mohamed, le faisant jouer en dehors du métro, dans des endroits incongrus et/ou prestigieux.
Le Groupe Mostla, avec Charlie O, Mocke, Moncef Besseghir (percus de Sofiane Saïdi) et Baron Rétif, a réalisé ce premier album studio Underground raï love, envisagé comme une session de l’âge d’or du reggae jamaïcain, puis post-produit avec d’opulentes cordes du Liban, du saz électrique, des synthétiseurs, Korg Prophecy en tête, vers des sonorités raï et funk, fun et capiteuses, et le groove des percussions d’Algérie. Leurs références croisées, ce style de jeu qui se balance entre groove steady, beats, funk, blues saharien, mettent à vif les touchantes ballades du chanteur et montent la pulsation du raï jusqu’à la transe-méditerranée de fête.
À retrouver le 14 décembre 2019 à la Carène, dans le cadre du festival
NoBorder#9.