Fire ! — Defeat

fire defeat
fire defeat

Label : Rune Grammofon

Chronique écrite par Franpi Barriaux, pour Citizen Jazz

Mats Gustafsson à la flûte est un ravissement. C’est la première chose que l’on constate lorsque Defeat prend place sur la platine. Pour longtemps, c’est indéniable. Cette flûte elle trille, elle growl, elle se frappe aux parois comme un papillon de nuit dans un abat-jour, avec cette même puissance vaine qui prend peu à peu de l’ampleur, même lorsque la trompette de Goran Kajfeš vient assurer le relais pour ordonnancer un propos qui agit comme un coup de boutoir lancinant. C’est le retour de Fire! ; le trio de Gustafsson avec le bassiste électrique Johan Berthling, remarquable de rondeur, et le batteur Andreas Werliin, après de nombreuses déclinaisons en Fire! Orchestra, où s’est croisée la fine fleur de l’improvisation transatlantique.

On songe […] à Rob Mazurek (notamment T(r)opic) ou Ken Vandermark pour la dynamique collective, assez éloigné finalement de ce que Gustafsson peut proposer dans son mythique trio The Thing. Même si le son inimitable de son baryton est immédiatement identifiable sur le final “Alien (on my Feet)”, morceau plus déconstruit qui clôt un album pensé comme un vinyle avec ses deux faces en miroir. Reste le choc initial de la flûte, sur “A Random Belt, Rats You Out” qui à lui seul vaudrait des écoutes successives.

Mats Gustafsson et ses amis ont l’art de vous maintenir aux aguets, de vous tenir sur le fil avec une tension de chaque instant. C’est un beau cadeau que nous offre le label Rune Grammofon. De quoi, une fois n’est pas coutume, transformer une sombre Defeat en victoire éclatante. Celle d’une grande liberté.