Label : Seventh Records
Chronique de disque
On ne va pas tourner autour des fûts, chers à l’incandescent batteur rennais Simon Goubert. Ce disque joliment “perché”, est de ces projets rarissimes dont les atmosphères ensorcelantes vous transportent dans un ailleurs magique que l’on espère souvent, sans le trouver jamais complètement. Murmurée, projetée, la voix, les voix, celles d’Annie Ébrel, de l’Américain Mike Ladd, de Pierre-Michel Sivadier ou de Stella Vander, sont les fils conducteurs d’un album funambulesque, où des improvisateurs de haut vol (Hélène Labarrière, Sylvain Kassap, Sophia Domancich, Michel Edelin, Emmanuel Bex, Vincent Lé Quang) balancent entre musique française “nabie” – on pense parfois à la pâte mystérieuse de “Pelleas et Melisandre” de Debussy -, lamento breton, free jazz écorché, et le chanté-parlé poétique qui projetait sa lumière « beat » dans les caves du San Francisco des années 1950.
Habité de bout en bout, balisé de merveilles comme “Pina Bausch et le fleuve” ou “Leave the doors open”, ce disque en apesanteur réveille aussi des échos lyriques, des sons ouverts, libérés de la pensée et du conformisme, qui nous ramènent à Christian Vander, fondateur de Magma, dont Goubert a été un talentueux complice, notamment au sein du groupe Offering. Plus qu’un hommage éventuel à Vander et autres merveilleux “allumés” du jazz, “Nous verrons”, que Simon Goubert a presque entièrement composé, est en effet une offrande sacrée. Pour nous, c’est tout vu, voila un grand album.