Jonah Parzen-Johnson

Jonah Parzen-Johnson
Jonah Parzen-Johnson

Label : We Jazz Records

Chronique du GriGri, la radio porte-bonheur

Si vous cherchiez le chaînon manquant entre Colin Stetson et The Comet Is Coming, vous avez cliqué à la bonne page. Saxophoniste baryton qui aime la jouer solo (comme Stetson), Jonah Parzen-Johnson affiche un fort penchant pour le jazz synthétique, celui qui mélange gros son de cuivre et textures électroniques (comme The Comet). Sur cet album franchement ovniesque, ce natif de Chicago qui a eu pour prof Mwata Bowden de l’AACM explore en six mouvements les relations entre saxophone bien membré et machines mi-vintage mi-futuristes.

Tour à tour symphonie en solitaire pour poor lonesome cow-boy 2.0 (“The Smile When You Fall”), folksong irlandaise avec son de paquebot intégré (“Everything is Everything Else”) ou blues du futur pour saxophone du temps présent ‘(“Find The Feeling”), Imagine Giving Up est un disque aussi surprenant et contemplatif qu’enveloppant et déstabilisant. Un truc bien chelou comme on les aime, qui pourrait à la fois s’inscrire dans les pas de Boards of Canada ou Four Tet comme de John Surman ou Håkon Kornstad.

On en profite donc pour remercier et féliciter les Finlandais de We Jazz Records pour cette énième découverte. Comme souvent, ce label d’Helsinki a le nez creux et les oreilles affûtées – remember Timo Lassy et Teppo Mäkynen dont on vous parlait). Car, très sincèrement, avant ce disque, on n’avait jamais entendu parler de Jonah Parzen-Johnson.

À présent, on a appris qu’il avait œuvré dans un groupe d’afrobeat de Brooklyn, Zongo Junction, mais qu’il avait aussi sorti un disque sur le très free et frondeur label portugais, Clean Feed: ça s’appelait I Try To Remember Where I Come From. C’est exactement la question qu’on se pose après avoir écouté Imagine Giving Up, qui ressemble fort à l’œuvre d’un petit martien coquin à quatre mains et trois poumons.