Reportage de Kub
À quel moment le musicien, habituellement tenu par sa partition, se change-t-il en performeur ? On a en tête les solos de Didier Lockwood au violon, les lancées éclatantes de Dee Dee Bridgewater. N’en résulte-t-il pas, dans tous les cas, que le sentiment de l’instant, cette saveur fugace dont il ne subsiste post-concert que quelques bribes, déjà mués en souvenirs ? Déployant les concerts à travers la ville comme autant d’horizons des possibles, l’Atlantique Jazz Festival 2017 a permis de jouer les impromptus, touchant du doigt ces limites fines entre les genres, ouvrant des chemins de traverse entre les styles musicaux.
Libres. Voici comment on pourrait qualifier les artistes présents dans ce festival. Libres de créer ; libres de mélanger, d’inventer de nouvelles formes, de pratiquer de la musique électronique à partir d’instruments traditionnels, de cultiver la rencontre des deux ou de se lancer dans l’improvisation la plus enjouée. Portée par la joie et l’expérimentation, la musique prend toute sa place, emplit les esprits et prend aux tripes. Depuis le Vauban, incontournable cabaret des nuits brestoises, à la Carène, propulsant dans leurs univers ou dans des contrées plus sensibles, In Girum, le duo Bojan Z – Julien Lourau, et Cabaret Contemporain ont su, avec autant d’audace que de brio, provoquer des surgissements musicaux inouïs, improvisés.