Rafaëlle Rinaudo – Entretien

À l’approche de la première sur scène de Spin & spells, rafaëlle rinaudo fait part de ses deux années passées en tant qu’artiste associée de plages magnétiques.

Peux-tu décrire ta relation à Plages Magnétiques depuis que tu es artiste associée ? 
C’est une formidable aventure humaine, j’ai été beaucoup en relation avec toute l’équipe pour construire des projets, elles ont été des personnes d’une ressource inestimable. J’ai appris a faire beaucoup de choses auprès d’elles que je ne savais pas faire avant. Plages magnétiques m’a accompagnée sur tout le plan administratif : monter ma structure, faire des demandes de subvention en mon nom. J’ai appris a réaliser un projet comme leadeuse du début jusqu’à la fin. D’un point de vue artistique, Plages Magnétiques m’a permis de faire des rencontres artistiques, de les questionner, de réfléchir à la pertinence d’un propos. Je me suis attentivement penchée sur la création et sa diffusion, la pertinence de la rencontre avec le-les publics. C’est ce qui a finalement abouti a une création hybride: non seulement pour mon projet Spin & Spells. J’ai créé un répertoire avec deux musiciens exceptionnels mais j’ai pu articuler autour des interventions d’amateurs. En effet lorsque le projet ira jouer dans d’autres lieux, j’inviterai des amateurs débutants à jouer une ou deux pièces sur scène avec nous sur des petites harpes électriques. Ces amateurs  de tous âges auront une ou deux journée(s) pour découvrir des modes de jeux, la harpe électrique, et travailler à des univers sonores qu’ils interpréteront avec nous. C’est un défi, mais ça permettra à des gens de vivre autrement une expérience esthétique.
 
– Avais-tu déjà été artiste associée auparavant ? 
Non c’est une grande première
 
– Comment a évolué ta pratique artistique au cours de cette relation d’artiste associée ? Es-tu allée vers des chemins artistiques que tu n’avais pas envisagés auparavant ? En quoi Plages Magnétiques t’y a invitée ? 
Je me suis beaucoup questionnée durant ces deux ans, sur ce que je veux défendre artistiquement et humainement, quels chemins m’intéressent, et ce cheminement a été très bien accompagné par Plages Magnétiques. Marianne m’a aidée à évoluer et mettre en œuvre un projet d’action culturelles auquel je crois. Cécile m’a vraiment aidée et conseillée pour avancer sur le propos artistique. Quand tu n’es pas musicien j’imagine que tu te demandes ce que ça veut dire, en fait c’est très simple : quand tu écris et que tu façonnes de la musique tu n’as pas, comme dans les films américain, un éclair de génie avec un grande lumière qui s’abat sur toi ! Le processus de création, c’est un questionnement, des envies de collaboration, une recherche de sens et de nouveauté, donc il faut écouter de la musique, en voir, comparer, relever de choses les rejouer, les ré-écouter, les faire écouter… c’est long (mais très agréable). Grâce à Plages Magnétiques j’ai pu créer ce trio Spin & Spells et rencontrer des musiciens géniaux du Centre-Bretagne.
 
– Lors des actions culturelles tu as été majoritairement au contact d’élèves, parfois très jeunes, était-ce un désir de ta part ? Quel effet cela a-t-il pu avoir sur ta pratique ? Ou tes idées pour des projets ? 
Absolument, je milite pour que dès le plus jeune âge les enfants aient des expériences esthétiques variées. Grâce à cela ils apprennent à façonner leurs goûts et leur esprit critique, il apprennent également a emprunter un chemin créatif et à l’apprécier. Plus tard, ce seront ces enfants qui formeront le public de nos concerts et nous nous devons de leur montrer la richesse de la musique et des cultures contemporaines. Lors de la résidence en milieu scolaire, les enfants ont été de véritables directeurs-trices artistiques: nous les avons sollicités régulièrement pour écouter et donner leur avis, cela nous a vraiment permis de tester des formes musicales, de les éprouver et d’avoir un retour, en sachant que le retour des enfants est très franc et très spontané.
 
– Parle-nous du projet Spin & Spells, quelle en est la genèse ? Au delà de la partie production, en quoi cette période d’association avec Plages Magnétiques t’a aidée à faire éclore ce projet ? 
Spin & Spells c’était un rêve de rencontre avec l’instrument jumeau du mien : la kamélé Ngoni. J’avais envie d’explorer le point de rencontre entre ces deux instruments. comment faire groover la harpe avec cet autre instrument pentatonique, et également comment faire sortir la musique de la gamme à 5 notes pour aller vers quelque chose de plus free. Plages Magnétiques a soutenu énormément ce projet, sur le plan financier en faisant en sorte que cette rencontre et ce temps d’écriture puisse se réaliser. Marianne m’a aidée a construire le projet d’actions culturelles que je veux associer a ce concert. Quant à Cécile, elle m’a conseillée de manière avisée sur un plan purement artistique.
 
– Tu as eu l’occasion de te produire à plusieurs reprises devant le public brestois, quel rapport avez-vous entretenu, notamment en fonction des différents lieux ?  Nous n’avons pas de salle, en quoi cette particularité a été un challenge pour tes concerts ? As-tu apprécié ? 
A Brest j’ai joué dans une église, dans un chapiteau, dans le hall de La Carène au Vauban, ça a été très très varié ! Le fait qu’il y ait différents lieux fait gagner énormément de promiscuité entre les artistes et le public, ça permet de désacraliser la création contemporaine, et je trouve ça fantastique. Le public a plus accès à notre côté « bidouille » qui est si amusant dans la création,  humainement il est plus facilement en contact et vient plus nous questionner ou réagir. Ce qui a été formidable c’est d’être aussi autour de chaque concert en relation avec des écoles de Brest, cela a permis aux enfants d’emmener leurs parents au concert. 

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