Informatique de soi-même #13

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Exposition de Jean-Luc Guionnet

Entrée libre,
sur les horaires d’ouverture de la boutique

au carrefour de la musique et des arts plastiques

« Ce qui est vu est issu du passage par un ensemble de décisions que l’on pourrait dire aveugles parce que suivies aveuglément : en toute logique, le détour par une machination sans machine, une informatique de soi-même qui mène secrètement — et sourdement — à ce qui est exposé. Alors, il ne s’agit pas de casser le secret d’une procédure en le rendant visible — secret de polichinelle ! —mais de se surprendre aux prises avec le terme d’un travail mené, dans le rapport et l’écart entretenus de la forme du détour à la forme résultante.

Un dessin peut aussi être fait en plusieurs fois d’un seul coup : au coup par coup, c’est un rythme qui, entre preuve de ce qu’il s’est passé et épreuve sur pièce, tendrait à manger les images au profit d’une poussière de temps, de graphite et d’encre dont on ne peut ni décider si elle masque ou dévoile, ni décider de ce qu’elle masquerait ou dévoilerai si elle le faisait. Dessiner en aveugle ? Suivre aveuglément une ligne qui est en train de se faire, les conditions qui la font passer par ici plutôt que par là. 

Il  y  a de la neige, des fabriques, des murs, de la peau, des artifice, des cadavres, des fleurs, de la synthèse, le soleil, du sperme, des moteurs, du feu, des objets trouvés, mais tout passe à la fois dans le sens du temps, au mépris arbitraire de toutes justifications causales : ni les choses, ni les causes (pas de causerie) mais un unisson obligé, à l’épreuve continu de ce qu’il n’est pas — c’est « axène ».

Au fil des saisons, ce qui subsiste de cette épreuve, peut être une forme dans une indifférence, jouissance parmi le monde — autant dire parmi n’importe quoi, l’ivraie, les broussailles, les ordures, un trottoir, ou alors en chambre : une sorte de minimum d’existence, minimum retourné en maximum par un aveuglement – ressac obscure à lui-même – et ressac de ressac qui se voudrait un chant offert.

Mon travail se divise en autant de parties qu’il m’est offert d’occasions d’agir et de penser par le son et l’image. Ces occasions ont toujours à faire avec la rencontre forte d’un dehors : un instrument (saxophone/orgue), une idée théorique (qu’est-ce que la rumeur ?), une matière (le graphite) et surtout un ami collaborateur (André Almuro, Caroline Pouzolles, Franck Gourdien, Éric La Casa, Taku Unami, Éric Cordier, Seijiro Murayama, Rhodri Davis, Lotus Edde Khouri, Will Guthrie, …).

S’en suit alors une suite éclatée de thèmes qui, à leur tour, influencent l’évolution du travail musical et plastique — orientent l’à venir : l’épaisseur de l’air, l’écoute comme obscure à elle-même, le pidgin, l’instrument de musique considéré comme automate affectif, la géométrie et l’arithmétique de la vision et de l’écoute… leurs différences, le son comme signature de l’espace, signature d’objets, signature de ce qu’il n’est pas, le paysage & le placard…  Ou encore le voisinage (permis par la langue française) du temps qui passe et du temps qu’il fait…  et par le truchement duquel l’œil et l’oreille se retrouvent dans le même dénuement.  

Émotion et pensée sont construites par le glissement de toutes ces strates les unes sur les autres : quand la musique et l’image donne du temps. »
JL Guionnet

En partenariat avec le disquaire Bad Seeds