Hommage de Plages Magnétiques à Philippe Arrii-Blachette

Salut Philippe, et merci

La presse, mais aussi ses collègues du Quartz, du CAC Passerelle, du CRR, de la Carène et bien sûr de l’ensemble Sillages ont salué la mémoire et le travail de Philippe Arrii-Blachette pour la belle et noble cause de la musique, et ses proches collaborateurs et compagnons de route ont déploré, comme une fausse note inattendue de la part de cet esthète mélomane, la perte de l’ami. 

Pour Penn Ar Jazz, devenu Plages Magnétiques, Philippe a œuvré au sein du conseil d’administration et lors de débats passionnés où son érudition, sa finesse diplomatique, sa connaissance des ressorts administratifs et le recul que lui donnait son expérience de la vie culturelle au plus haut niveau ont fait merveille. Le côtoyer faisait plaisir. Ce gourmet des arts était de bon conseil. La justesse son domaine. Au delà de la compétence et du charisme, tous ceux qui, à Penn Ar Jazz / Plages Magnétiques, ont eu la chance de travailler avec lui retiendront une facette de cet homme multiple, d’une immense curiosité que, chaque jour, une exposition, un concert de jazz, la rencontre avec un nouvel artiste, une création chorégraphique semblaient solliciter avec impatience. 

Nous revient pour notre part en mémoire ce moment, souvent désopilant, où il s’agissait de caler un rendez-vous et d’accorder les agendas. Une fois la première date proposée, Philippe frisait un peu du nez, sortait de sa poche son carnet à l’ancienne, relevait ses lunettes sur le front et détaillait ses plannings de “ministre”, en quête d’un précieux espace libre. Il n’était pas rare que, faisant chou blanc dans la cacophonie calendaire, il choisisse de renoncer et déclare, avec un rire désolé ourlé de la confiance qu’il nous accordait, que l’on devrait se passer de lui.

Se passer de lui. Chaque disparu nous remet très crûment en face de l’absence et du vide qu’il laisse. 
Avec Philippe Arrii-Blachette, – un nom qui est déjà un début de mélodie dodécaphonique – ce sera aussi le cas. Et nous nous souviendrons, au-delà de l’insondable savoir qu’il avait la délicatesse de ne jamais imposer à quiconque, de son désarmant sourire de séducteur tranquille qui, allié parfois à des accents de fermeté et à un regard fugacement sombre, en faisaient un redoutable négociateur.

Nous entendrons longtemps sa voix chantante, où une corde vocale sympathique semblait résonner. Et il se lèvera, toujours léger et pétillant, et s’envolera, glissant tel un danseur élégant et déterminé, vers une autre aventure, une nouvelle envie…

Jean-Luc Germain (ancien membre du CA de Penn Ar Jazz / Plages Magnétiques)