Reportage de Kub
Pour sortir des sentiers battus, sortir de la culture en boîte, Penn Ar Jazz a une recette : aller à la rencontre du public dans ses lieux de vie, lui proposer une expérience singulière, et laisser le charme opérer ; voir ensuite le spectateur modifier la vision de ce qu’il connaît, ou pensait connaître ; lui offrir un éventail de sons et de souvenirs sonores, comme autant d’instants d’évasion. Deux rendez-vous dans le cadre de l’Atlantique Jazz Festival 2017 à Brest ont emporté le public vers d’autres sphères.
Le son a ce pouvoir de métamorphoser les lieux, la perception que l’on a des espaces. C’est l’expérience qu’ont fait les auditeurs du Quatuor Machaut lors d’un concert à l’église St-Louis. Un instant suspendu qui a su emplir les hauteurs de l’édifice aux proportions monumentales (une voute de 25 mètres de haut). Se faisant aérien, jouant avec les nuances, les couleurs, la lumière, les lignes graphiques de l’architecture, le quatuor de saxophones a déployé son talent et s’est imprégné de ce lieu pour construire une performance synesthétique, une symbiose artistique d’une grande intensité retransmise et captée par KuB. La seconde performance avait lieu aux abords de la place Guérin, au Mouton à 5 pattes, avec Fidel Fourneyron au trombone solo. Un moment privilégié, au cours duquel il a transporté le public dans les histoires qu’il aime partager. Une écoute profonde et concentrée pour capter la mécanique du trombone, une coulisse qui propulse vers cette temporalité nouvelle construite sous le souffle de l’artiste. Pour lui, c’est un moment de lien intense, un équilibre à créer dans un endroit exigu, un funambulisme gracieux, une simplicité dont il puise toute sa force sonore.