Label : La Buissonne
Chronique de Nicolas Dourlhès pour Citizen Jazz
Reprenant le propos exactement à l’endroit où l’avait laissé le précédent et premier disque, le nouvel enregistrement de ce quartet dirigé par le pianiste Bruno Angelini fait la part belle à une musicalité élégante riche de climats impressionnistes. Avec une unité de ton qui les lie sans les souder, les neuf plages d’Open Land proposent un voyage languide et grave au travers de paysages mobiles.
Délaissant le choc des individualités au bénéfice d’une communion collective, les membres de cette formation sont les coloristes de cette fresque. Ils privilégient, par une attention particulière portée au naturel des timbres, la superposition des textures d’un instrument à l’autre. Les paires contrebasse et violon, violon et piano, batterie et contrebasse se fondent dans le bain global et participent ainsi d’un même mouvement. Ils tendent à donner non seulement une sonorité générale équilibrée mais également une souplesse aux compositions, proches d’une forme de classicisme à la française qui évoque Gabriel Fauré sans les accents dix-neuviémistes.
Le titre “Perfumes of Quietness”, certainement le plus emblématique, déroule une narration lente mais inéluctable au sein de laquelle les interventions solistes toujours en retenue apportent ce qu’il faut d’exaltation pour rendre le propos vivant et bien ancré dans le présent du jeu. Déplaçant avec grâce d’amples masses sonores, cette musique crépusculaire souffre peut-être, à trop chercher les ambiances étales, d’un manque d’accroches stimulant l’oreille mais s’apparente pour le reste et avec réussite à une poésie de l’évasion, lyrique et apaisante.
Bruno Angelini piano · Régis Huby violon
Claude Tchamitchian contrebasse · Edward Perraud batterie