Rafaëlle Rinaudo

Début 2023, Rafaëlle présentait son actualité musicale dans le cadre de son parcours d’artiste associée avec Plages Magnétiques. Cela faisait quelques mois que la harpiste avait pris la succession d’Hélène Labarrière, artiste associée de Plages Magnétiques pour les saisons 2020-21 et 2021-22.

Hormis les grandes figures telles Alice Coltrane, Kristen Noguès ou Hélène Breschand, la harpe est un instrument peu représenté dans le jazz, qu’est-ce qui t’a amené vers cette pratique ?
RR – La harpe est certes instrument peu représenté dans le jazz, mais  depuis une dizaine d’années elle évolue incroyablement, et de plus de plus de harpistes se lancent sur des terrains inconnus (Stina Hellberg, Rossitsa Milevska, Aurélie Barbé Félicité Delalande Nicolaz et Alice Cadoret). Tout cela est le fruit de plusieurs facteurs bien sûr, culturels, éducatifs (plus de diversité musicale dans les conservatoires), techniques (commercialisation des harpes électriques à pédales et celtiques) et grâce aux modèles que tu cites comme Hélène Bréschand. 

Je suis allée vers cette pratique sans savoir ou cela mènerait, ado j’étais toujours la première à m’inscrire aux stages de musiques improvisées qu’il y avait dans ma région. C’est notamment là que j’ai rencontré Emilie Lesbros qui était comme moi passionnée par la découverte de cette musique.
Pour être honnête je ne pensais pas en vivre un jour, comme beaucoup de musiciennes, j’ai grandi en me disant que cela ne serait pas pour moi. Lors de mes études j’ai découvert cette harpe électrique, qui est légère et qui peut sonner aussi fort qu’une guitare électrique, dès lors nous ne nous sommes jamais plus quittées. J’ai passé plusieurs années à jouer dans des projets fous dans des caves parisiennes,  ensuite j’ai eu la chance de gagner des concours et bénéficier d’accompagnements d’artistes qui m’ont aidée à passer de la pratique underground à la professionnalisation.

Te considères-tu comme une musicienne de jazz et/ou une harpiste ?
RR – Musicienne de jazz ? J’en suis une si on considère que le jazz c’est une musique issue de la contestation qui doit toujours faire bouger les lignes ou encore si le jazz est une musique dans laquelle chaque improvisateur.ice invente son son, son langage propre.

 
 
 

Tu es venue en mars dernier avec Emilie Lesbros, on te retrouve pour l’Atlantique Jazz Festival avec Rozenn Talec, avec le trio Nout en novembre prochain, et plus tard dans la saison avec Fanny Lasfargues: uniquement des groupes consitutés de musiciennes. Est-ce un choix délibéré ou une simple coïncidence ?
RR –
C’est un choix inconscient, mais à remettre dans un contexte plus large :  avec le recul je m’aperçois qu’avec les musiciennes de ma génération, et qui étaient bien souvent des camarades de promo, nous nous sommes regroupées pour travailler ensemble à la fin de nos études, tout comme nos collègues masculins se sont regroupé plus facilement entre eux pour monter des projets après les études. Il y a 10 ans et même moins de temps que ça, c’était moins facile d’être considérée comme légitime en étant une femme sur cette scène.
Pour la petite blague, au CNSMDP j’avais eu un intervenant qui nous avait dit « messieurs vous qui êtes des futurs solistes et vous mesdames, qui êtes des futures profs… » Inconsciemment nous avions compris qu’à plusieurs on va plus loin. 

En 2010, tu as participé à la Kreiz Breizh Akademi #3 « Elektridal » orientée vers les musiques électroniques, es-tu toujours intéressée par le mélange des genres ? Quel est ton parcours ? 
RR – La KBA a été une rencontre et une aventure fantastique avec Erik Marchand , et mes camarades de promo. Ce qui m’a attiré c’est le métissage et la rencontre autour des musiques bretonnes et de la création contemporaine avec instruments amplifiés qui était le thème de la KBA3. Gràce à la KBA j’ai appris à m’affranchir des codes du classique. J’y ai rencontré aussi Hélène Labarrière avec qui je suis allée pratiquer la harpe ensuite. Suite à cette rencontre j’ai reconsidéré totalement la manière de pratiquer de mon instrument. De plus, la musique que je joue est finalement celle que je n’ai jamais étudié en conservatoire, c’est celle que j’ai toujours pratiqué. Jazz Migration et KBA3 qui m’ont « encadrée » se sont substitués au conservatoire en valorisant une pratique underground que j’avais, mais dont je ne savais pas qualifier le style. 

J’ai étudié au Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris (métiers du son et classe d’improvisation générative) et au Conservatoire de la Chapelle Royale de Laye (harpe, musique ancienne) ou j’ai étudié la composition électroacoustique auprès de Christine Groult.

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