Sylvaine Hélary
artiste associée des saisons 2018-19 et 2019-20

Pendant deux ans, la fûtiste Sylvaine Hélary a eu le temps de poser ses valises auprès de tous les publics que nous croisons : des collégien·nes à la campagne et en bord de mer, des étudiant·es participant à l’orchestre Tohu Bohu de l’UBO, des improvisateur·trices du Conservatoire mais également des détenus de la maison d’arrêt de Brest ainsi que des malades à la clinique Pasteur-Lanroze. Il y eu aussi de longs temps d’échanges avec les membres du CA et nos bénévoles les plus hardi·es.

Les interventions de Sylvaine Hélary entre 2018 et 2020

Entretien

En tant qu’artiste associée de Plages Magnétiques sur les saisons 18-19 et 19-20, nous avons eu la chance de t’entendre jouer publiquement une dizaine de fois dans des lieux très différents à Brest : du jeune public à la Maison du Théâtre avec le spectacle Entre chou et loup, des rencontres improvisées au Beaj Kafé et au Clous avec des musiciens de l’ensemble brestois Nautilis, une œuvre collective étendue au Mac Orlan avec Printemps, etc. Sans compter le concert d’Orca Noise Unit, initialement prévu le 13 mai 2020 au Vauban.
Parmi tous ces concerts dans ces endroits singuliers, as-tu ressenti une perception différente à chaque fois ? Quel/s est/sont le/s lieu/x que tu as le plus apprécié/s ? Pour quelle/s raison/s (acoustique, ambiance, déco, sans raison explicable, …) ?

Vous en oubliez !
J’ai aimé chacun de ces lieux pour des raisons qui leur sont propres, comme déguster un nouveau plat de Julien à chaque repas qu’il nous aura préparé. J’ai aimé l’écrin délicat de la Maison du Théâtre, l’odeur de soupe et l’écoute dans l’humidité de l’air au Clous, le speed héroïque du montage au Mac Orlan (merci l’équipe !), l’épaisseur de l’histoire du Vauban qui transpire par chaque petits carreaux de carrelage, le public brassé de la Carène, la résonance et la clarté de Passerelle, la proximité du concert à domicile. Mais aussi l’émotion des différentes restitutions d’ateliers, que ce soit à la Maison d’Arrêt, dans une chambre de la clinique ou à l’Espace Culturel de Saint-Renan, qui a balayé les sensations premières d’espaces clos ou figés.
J’ai bien regretté ne pouvoir goûter en solo au charme du petit jardin de l’arrière boutique de Bad Seeds…
Mais me réjouis déjà de vous retrouver à guincher le 12 août 2020 à Run Ar Puñs pour notre bal musette (avec Antonin Rayon, Nicolas Pointard et moi-même).

As-tu retrouvé des personnes dans le public, qui auraient suivi tes apparitions brestoises ?
Oui, j’en ai parfois reconnues, j’en avais parfois connues au lycée 😉 Parfois elles se sont présentées à moi après les concerts, pour me parler d’une de mes autres apparitions brestoise.

Est-ce que tu portes des marinières uniquement quand tu viens à Brest ?
J’en porte depuis enfant, étant bretonne, née à Rennes.

En plus des concerts, tu as mené des projets culturels, notamment les collèges Kerzouar et Camille Vallaux, la Maison d’arrêt de l’Hermitage et les services oncologie de la clinique Pasteur.
Si tu étais la grande prêtresse du temps et des possibles, y aurait-il encore un projet d’action culturelle que tu aimerais faire ici (maintenant que tu connais cette ville) ?
J’aimerais me rapprocher d’une manière ou d’une autre des personnes âgées, pour questionner leur histoire, l’histoire de leur vie, de leur ville, à l’image de ce qui m’a menée à découvrir que mon arrière grand-père paternel, et donc mon grand-père, sont nés à Brest.

Dans ton travail et tes démarches personnelles de musicienne, qu’est-ce que t’ont apportées ces deux années d’artiste associée ?
Ces deux années m’ont donné du travail et de la confiance, j’ai pu pousser plus loin des désirs, me dépasser… On dirait une sportive de haut niveau qui parle, hum ! 

Tu dirais plutôt Kig Ha Farz ou Langoustines ?
Pourquoi choisir ? Je dirais plutôt Krampouez ET huîtres !

Souvent, tu venais pour quelques jours… Quel est l’endroit où tu as préféré te promener ? Passer du temps ? Tes mollets étaient-ils préparés à arpenter la rue Jean Jaurès ? Au contraire, quel est l’endroit où tu aurais aimé aller si tu avais eu plus de temps ?
J’ai adoré me promener sur le port, et place Guérin. J’ai arpenté la rue Jean Jaurès pour aller d’un endroit à l’autre, en essayant parfois de l’éviter, elle et toutes ses boutiques. J’aurais aimé aller aux archives régionales.

Si tu devais caractériser Plages Magnétiques en quelques mots, que dirais-tu ?
C’est une consigne d’écriture ? Bon alors : ensemble, finesse, joie, humour, bijou, tranquille, émotions, ténacité, délice, expérience,  (Cécile tu ferais bien un joli poème avec tout cela ?).

Quel est ton meilleur souvenir sur ces deux années à Brest ?
La joie partagée avec l’équipe après chaque concert. Et aussi : avoir dormi chez Marianne lors d’un bug d’hôtel (aucune chambre disponible).

Le pire ?! Faire l’erreur de débutante de ne pas avoir de chaussures imperméables alors qu’il pleut (rarement, tout de même) dans cette ville, et donc de me retrouver les pieds totalement trempés et floc floc à chaque pas. Mais, un coup de radiateur chez les amis, et le tour est joué.

À quoi penses-tu en regardant la mer une dernière fois avant de prendre le train ?
À piquer une tête dedans, à rêver devant les lumières à travers les nuages, et parfois à rien quand j’ai déjà fermé les yeux.

Et si tu étais un tube du samedi soir au Vauban, lequel serais-tu ?
Barbie Girl  (spéciale dédicace à qui sait 😉

Le conseil de Sylvaine Hélary pour la période actuelle ?
Ne pas croire qu’il y ait une période actuelle, ni un monde d’avant ou d’après.

Le disque que tu écoutes en ce moment ?
Mon prochain disque ! Celui de Glowing Life, que nous venons d’enregistrer, et qu’il va falloir mixer. Sortie en Octobre sur le magnifique label Ayler Records.

Ce qui te manque le plus : jouer ou aller au bistrot ?
Jouer autour d’un verre, boire des mélodies, payer mes notes…